Stephen Hawking : "Y a-t-il un grand architecte dans l’Univers ?"

Notes de lecture de Xavier Sallantin
mercredi 2 mars 2011
par  Xavier SALLANTIN

Ce qui me paraît intéressant à approfondir chez Hawking - et qui est aujourd’hui au cœur de ma recherche – c’est que l’Univers est créateur de sa propre création.

J’ai lu le dernier Stephen Hawking qui vient de sortir chez Odile Jacob (Février 2011) traduction de l’édition anglaise parue en 2010.

Sous le titre accrocheur "Y a-t-il un grand architecte dans l’Univers ?", je m’étonne qu’un savant de la classe d’Hawking ait besoin de sortir un ouvrage alimentaire qui n’apporte rien de vraiment neuf. Mais je me suis appuyé cette lecture car le titre de la présentation de Font Romeu (que prépare de Groupe Béna) : "L’Univers a-t-il un sens ?" » pose la même question qui sera d’ailleurs certainement soulevée par Trinh Xuan Thuan.

Il commence par affirmer d’emblée que "la philosophie est morte faute d’avoir réussi à suivre les développements de la science moderne". Il pourrait en dire autant dire la théologie qui ne semble pas être sa tasse de thé. La première moitié du livre est une bonne vulgarisation de la Théorie quantique (Heisenberg - trous d’Young- Principe d’incertitude, Univers parallèles, etc....) dont nombre de philosophes sont désormais avertis contrairement à ce qu’il pense.

Mais on est appâté par la 2ième partie qui annonce la M-Théorie comme Théorie du Tout révélation par la Science d’un dessein qui semble-t-il – car c’est assez confus - n’a pas besoin d’être révélé ni conçu par Dieu. L’argument est résumé dans la page de conclusion. « La M-Théorie est l’unique candidate au poste de théorie complète de l’Univers. Si elle est finie - ce qui reste à prouver - elle fournira un modèle d’Univers qui se crée lui-même. Et nous faisons forcément partie de cet Univers cohérent (…) Le fait que nous êtres humains – simples assemblages de particules fondamentales de la nature –avons pu aboutir à une telle compréhension des lois qui gouvernent notre Univers constitue en soi un triomphe fantastique. (…) Si cette Théorie est confirmée par l’observation, elle conclura avec succès une quête commencée il y a plus de trois mille ans . Nous aurons alors découverte le grand dessein ».

Malheureusement cette M-Théorie n’ est encore qu’hypothétique et l’on est frustré de n’apprendre dans ce livre rien de précis à son sujet. Hawking est physicien et pour lui une Théorie du Tout est une théorie du seul Tout physique ; en découle sans que l’on comprenne comment la génération à partir des « particules fondamentales » de la matière, de la vie et de la pensée . Le Tout physique comprend selon lui le tout biologique , le tout noologique et le tout culturel sans mention ni explication des formidables discontinuités informatiques que constituent les nucléosynthèse, biosynthèse et noosynthèse.

Ce qui me paraît intéressant à approfondir chez Hawking - et qui est aujourd’hui au cœur de ma recherche – c’est que l’Univers est créateur de sa propre création ; il est créateur de son projet. D’où cette première idée : l’on n’a plus besoin d’un Dieu Créateur Mais aussi cette seconde idée : l’on a encore besoin d’un Dieu Créateur d’un Univers autocréateur. C’est là le fameux design, le dessein divin, le projet de création d’une autocréation qui soit par conséquent capable de concevoir d’elle-même ce design et libre de réaliser ainsi le projet du Créateur. C’est selon moi conforme à la Théologie participative de St Paul où membres du Corps du Christ nous sommes ses bâtisseurs à la faveur d’une recherche « à tâtons » de la vérité sur la logique de cette autocréation . Cette élucidation ne peut se dispenser de la démarche universaliste de la Science en quête d’une Théorie du Tout naturel et culturel de l’Univers universellement confirmée et reconnue car c’est ainsi que ça marche : que l’on s’éclaire, que l’on communique , que l’on vit heureux, que l’on survit et donc que l’on ne meurt plus. C’ est sans doute par l’effet d’une inspiration individuelle qu’un homme peut nourrir l’espérance d’un tel projet mais sa réalisation ne saurait être qu’œuvre collective. C ‘est dire que l’homme n’a pas à rêver d’un autre monde dans quelque au-delà, de l’évasion dans quelque ultra-Univers, mais de la régénération du monde qui est le sien , de sa libération de toutes les ignorances qui sont autant d’aliénations, de la tranformation de toute opacité inintelligible en clarté d’intelligibilité lumineuse. C’est ainsi que je comprends l’annonce par Jésus que le Royaume de Dieu est déjà parmi nous, attendant de nous que librement nous soyons les ouvriers de sa transfiguration . Il est rédempteur en tant que libérateur, annonciateur d’une délivrance de tout esclavage qu’il nous appartient de réaliser librement

Je viens de découvrir la même thèse soutenue en 1958 par le mathématicien Paul Finsler dans son livre « La vie après la mort » traduit et commenté en 1999 ( éditions encre marine) par Daniel Parrochia, professeur d’épistémologie à Lyon. Je l’ai naguère rencontré ; c’est un ami de mon fils Jean ; il est au courant de ma recherche . Je vous reproduis la quatrième de couverture :

En 1958, Paul Finsler, mathématicien helvétique, astronome amateur et découvreur de comètes, publie un petit opuscule sur " la vie après la mort ", dont on présente ici la traduction. Le premier mouvement est de se demander ce qu’un scientifique peut bien avoir à dire sur un sujet pareil et pour quelle raison il s’intéresse à une telle rêverie. Mais on montre ici que Paul Finsler prend son thème au sérieux et que ses travaux en théorie des ensembles et en géométrie différentielle servent de fondements à ses thèses métaphysiques. Ainsi, la notion d’ensemble circulaire invite à identifier un élément à une classe, en l’occurrence, chaque homme à l’humanité tout entière ; quant à celle d’espace de Riemann, elle permet de soutenir que la vie est finie mais non nécessairement limitée, de sorte que la vie qui continue, l’autre vie, n’est en fait que la vie des autres. Etant donné sa méthode et la richesse suggestive de son contenu, le nouveau Phédon du mathématicien platonicien méritait, selon nous, d’être rendu accessible à un large public.

Hawking le physicien aurait intérêt à s’informer des travaux de Finsler le mathématicien et surtout des commentaires très substantiels de Daniel Parrochia qui lui montrerait que la philosophie n’est pas morte et que la sienne est très courte. La théologie aussi n’est pas morte


Commentaires  Forum fermé

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mercredi 2 mars 2011 à 18h44 - par  Alain DUNAND

Tout à fait d’accord avec toi. Je m’étonne qu’un physicien
aussi sérieux de Hawking se permette un écrit pareil qui
le déconsidère. Il faudrait peut-être lui envoyer le Moingt
« Dieu qui vient à l’homme ».
Amitiés, Alain Dunand

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mercredi 2 mars 2011 à 21h22 - par  Xavier SALLANTIN

D’où cet cette réponse donnée par Pascal au point d’interrogation de Hawking : “tu ne chercherais pas le Créateur de cette Logique si tu ne l’avais déjà trouvé”. Un chercheur ne cherche pas s’il n’a pas foi en sa recherche. XS

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jeudi 3 mars 2011 à 16h25 - par  Bernard C

"L’univers créateur de sa propre création" m’est venu lorsque j’ai pris conscience de la nature de l’ENERGIE . Elle ne se crée pas, elle se transfert, elle se transforme, et par là même elle engagée dans la création...de tout. Mais ce n’est qu’une intuition personnelle. En allant un peu plus avant, je pourrais la qualifier d’omniprésente omnipotente et omnisciente (de l’information) dont on qualifie parfois Dieu. Par contre infinie, éternelle ? Je ne sais répondre. Amicalement. Bernard

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vendredi 4 mars 2011 à 11h11 - par  Alain DERIES

Je me permets d’ajouter que "l’énergie" me parait une bonne base de départ pour un raisonnement puisque la Matière apparait comme de l’Energie condensée. M’appuyant sur des concepts teihardiens qui distinguent l’énergie tangentielle, celle que nous connaissons communément, et l’énergie radiale celle qui émane de la personnalité, mon questionnement serait plutôt, quel rapport de l’une à l’autre, peut-il y avoir transformation de l’une en l’autre ?. Mais je ne suis pas assez fort pour juger de la pertinence de tels propos. Amitiés à Tous. Alain DERIES

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vendredi 4 mars 2011 à 15h18 - par  Bernard C

Bien sûr j’ai creusé plus avant cette question de l’énergie. J’ai représenté notamment transferts et transformations selon la logique de XS formalisé par son ontoprotocole. Pour moi le transfert est action-réaction dynamique sur l’axe horizontal, la transformation est génération de quelquechose de différent, faisant appel à un référent opérateur-convertisseur, sur l’axe vertical de l’accord-désaccord du protocole.
Cette logique naturelle guide certainement les énergies "tangentielle et radiale" de Teilhard. Il y a forcément des énergies de type psychique - et d’autres de type spirituel.
Ta question Alain me lance dans cette direction pour identifier des opérateurs-convertisseurs de transformation. Amicalement. Bernard

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samedi 12 mars 2011 à 09h19 - par  MARCEL COMBY

De façon universelle, on ne peut faire référence à la seule notion d’énergie. Les termes : "énergie tangentielle" et "énergie radiale" évoquent la symbolique de la rosace de nos églises : la circonférence représente l’immanence tandis que les rayons font penser à l’attraction du centre divin.

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samedi 12 mars 2011 à 09h28 - par  MARCEL COMBY

Commentaires du livre de Lothar Schäfer : « The Divine Réality… »

Dear Sir,
I am reading your book : « In search of divine Reality” but, unfortunately, I desagree with you about the notion of “TRANSCENDENCE”. First the search in physics doesn’t lead to God but to a relative contemplation of Nature.
In my opinion, the universe contains three levels of knowledge :
Macrocosm
Microcosm
Metaphysics
The macrocosm is our world of rationality and we can observe the four classical elements :
Air Water Fire Earth
corresponding to different states of the molecule and energetical states.

What you are explaining is in relation to the second level. Thus, the transendence derive from the Oriental religion (read : “Le Tao de la physique” written by Fritjof Capra). In fact, a lot of researchers have measured the brain energy in the frame of monks meditations.
It actually exists a correspondance between the quantum phenomena and the process of meditation practice. (read Shri Aurobindo). Transcendence for a Bouddhist monk is an identification to great Nature, to the Universe. It is a union with the Reality described by the modern physics. Of course this configuration is rather amazing for us, but itisn’t the realm of the true transcendence. In addition Oriental people don’t believe in God : the God of monotheistic religions such as Christianity, Islam and Judaism.
Moreover, as far as Teilhard de Chardin is concerned, I don’t agree with him whenever he is writing about energy. In the higher spiritual level, we should say : “GRACE” instead of Energy. Transcendence appears within a personal relation between God and the human beings.
Science and christian religion aren’t parallel realms but orthogonal realms. Their point of intersection is the symbol of the union : HOW ? and WHY ? It’s impossible for the quantum physics to prove anywhat about God, if he exists !!
It’s an important mistake for the scientists to mix what it occurs at each level of reality. There isn’t no universal energy field and it is reasonable considering the christian faith as an element which is not taking part to any science.
In spite of what I said, I recognize that Science (particularly mathematics) makes the world intelligible and marvellous.

Yours friendly
MARCEL COMBY

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