Xavier, le sémiologue ...

dimanche 18 janvier 2015
par  J. Nicolas MAISONNIER

Xavier s’est beaucoup intéressé à la science des signes, à la linguistique, et plus généralement aux conditions nécessaires à la communication.
Je me souviens avec émotion des premiers cours qu’il avait organisés à Béna en 1977. L’un, animé par lui-même, portait sur l’alphabet « protohébreu », l’autre sur les 74 premiers idéogrammes chinois. Il était dispensé par deux éminents sinologues, le Père Claude Larre (ordonné prêtre en avril 1952 à Shangaï, auteur de Grand dictionnaire Ricci) et Sœur Inès Bergeron qui, prisonnière de Mao, avait fait la Longue Marche avec les troupes qui ont conduit les communistes chinois au pouvoir.

Avec de nombreux arguments, parfois convaincant, parfois tirés par les cheveux, Xavier voulait nous montrer que nos lettres de l’alphabet était à l’origine des signes, des hiéroglyphes, représentant des choses triviales comme une tête, des poils, l’intérieur d’une maison, ou le phallus masculin.

Voici par exemple son interprétation du premier mot de la Bible, constitué de 4 lettres, le fameux Berechit.

Berechit

L’interprétation des deux premières lettres est classique :

  • Le Beth (la maison, l’intérieur, le dedans, le en
  • Le Rech, la tête, ce qui est cérébral, le Ruah, l’esprit

Le Shin, en hébreu veut dire la dent. Xavier trouvait que la dent ce n’est pas fondamental. Alors il est allé voir si ce graphisme existait chez les anciens, égyptiens, babyloniens ou chinois. De cette recherche il conclut que chez les primitifs ce signe était l’image d’un postérieur. « Ce que confirme les graffitis que l’on voient dans nos latrines ! ». Le Shin exprime dont l’idée de faire, un faire scatologique, comme fait l’animal qui marque de ses excréments son territoire.

Le quatrième signe est le Tav qui en protosémite a la forme d’une croix, c’est une marque, une chose quelconque.

Ainsi la signification de ces quatre lettres serait :

« En Tête Faire Signe »

Pour Xavier ce n’est pas un hasard si environ 22 lettres nous suffisent pour faire des mots et des phrases, car 22 acides animés suffisent à notre corps pour synthétiser toutes les protéines qui le constituent.

Il était toujours à la recherche de la racine biologique, mais aussi matériel de la communication. « Ce n’est pas l’homme qui a inventé l’informatique » répétera t-il souvent.
C’était un fin étymologiste, sans cesse à la recherche du mot juste pour exprimer ses idées : Comme Teilhard de Chardin il a vite adopté les termes de biosphère et de noosphère pour désigner le monde des vivants et celui des pensants. Mais pour le monde des atomes il a hésité entre cosmosphère et nucléosphère, et pour les champs quantiques entre méta, proto, phéno et toposphère. Il savait aussi adapté son langage à son public. Pour désigner les trois grandes étapes de l’évolution culturelle, aux chrétiens il parlera de Théosphère, de Christosphère et de Pneumosphère, aux autres d’Ethosphère, d’Ecosphère et de Téléosphère.

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Xavier le sémiologue
Exposé donné le 17 janvier 2013 lors de la Table ronde en hommage à X. Sallantin.

L’enregistrement audio de cet exposé est disponible dans l’article 268.


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