Forum organisé par le "Réseau Santé " de Lyon qui a rassemblé jusqu’à cinq mille personnes au centre Culturel de Villeurbanne du 9 au 12 Mars 1988. Dans le temps imparti pour cette conférence (une demi—heure), seuls des extraits de ce texte ont été donnés ; en particulier toute la deuxième partie sur "le point de vue de l’homme de foi" a été omise. [Note de JNM : Le verbatim de cette conférence et de toutes les interventions au Forum Naître et Renaître a été publié par Le Souffle d’or du mensuel l’Impatient en 1989 – IBSN 2 904670 37 8].

Depuis le début de ce Forum, nous avons entendu des réflexions sur la naissance et la renaissance individuelles qui m’ont frappé parce qu’elles révélaient autant de générosité que de désarroi. Vous vous dévouez tous et toutes pour soulager les souffrances et misères humaines les plus diverses, mais il m’a semblé que vous doutiez parfois de vos efforts au service de la santé individuelle considérant que la société était globalement malade et que cela vous dépassait. II me revient la lourde tâche, en cette journée de clôture, de poser la question d’une naissance et renaissance non plus individuelles mais collectives, intéressant tout le corps social saisi globalement comme un seul individu ayant laborieusement et progressivement cherché à construire son unité organique depuis qu’il y a des hommes sur Terre pour en accoucher un jour futur et inaugurer le règne d’une nouvelle Humanité aussi différente de celle d’aujourd’hui que le nouveau-né l’est du fœtus.

L’une d’entre vous a évoqué avant-hier la révulsion violente qu’avaient provoquée chez une femme enceinte et aussi chez l’enfant qu’elle portait la rencontre et le contact physique d’une femme dont le gros ventre était dû à un cancer. Réaction impulsive et symptomatique de rejet vis à vis de l’horrible et grossière erreur de diagnostic qui consisterait à prendre une grossesse bénéfique pour une grosseur maléfique, une tumeur maligne. Lorsque l’on considère, comme on l’a fait ici, toutes les épreuves, tous les drames, tous les dysfonctionnements, toutes les échéances fatales de la société moderne, il est de même essentiel de se demander si ces craquements sont les signes avant-coureurs d’une métamorphose positive et prometteuse analogue à celle du grain de blé qui se décompose parce qu’il germe, ou d’une dégénérescence négative et annonciatrice d’une mort qu’il s’agit de retarder le plus possible car elle serait retour au néant ; rien ne viendrait perpétuer la vie d’une humanité qui aurait brillé un temps comme une étoile éphémère dans l’immensité glacée du Cosmos. Le silence éternel des espaces infinis serait le linceul d’une aventure humaine absurde et dénuée de sens que personne à jamais ne pourrait plus raconter.

En bref, en ce qui concerne le destin de l’Humanité, nous sommes en présence de deux problématiques que l’on peut qualifier respectivement de fœtale et de létale ; en problématique fœtale, l’humanité actuelle est encore prénatale et préhistorique ; sa véritable histoire, celle de la pleine actualisation de ses potentialités, sera postnatale ; elle n’a pas encore commencé ...
.../...Suite dans le document ci-joint.

Le monde n’est pas malade, il enfante ...

12 mars 1988 - Edition de 2020 - 13 pages